Il fume ses poissons, les transforme en burger ou en cretons, il opère une poissonnerie et il est aussi... chouchou des médias! Le 7 janvier, un documentaire le présentait sur la chaîne Historia (Plus grands que nature). Il y a quelques années, il passait à l'émission Par dessus le Marché. Et la célèbre émission française Thalassa souhaite également le rencontrer. C'est au tour du Placoteux de faire connaitre cet irréductible pêcheur d'esturgeon.
Histoire de famille
Donald vient d'une famille qui pourrait inspirer des romanciers. Ses ancêtres ont vécu en autarcie pendant cinq générations sur l'île au canot, dans l'archipel de L'Isle-aux-Grues. La chasse et la pêche chez les Pépin dit Lachance, on connaissait. C'était tout simplement un moyen de subsister.
Anselme Lachance, le père de Donald, vient s'établir à Montmagny à la fin des années 1950. Il fonde alors un commerce de vente au détail d'esturgeon. Le jeune Donald apprend aux côtés de son père qui, dès l'âge de 12 ans, le laisser pêcher tout seul.
Relève
En 1993, il décide de prendre la relève. « J'ai fait mes études de premier maitre à l'Institut maritime du Québec à Rimouski, mais la marine marchande ce n'était pas pour moi. Alors, quand mon père m'a proposé d'acheter son entreprise, j'ai tout de suite accepté », raconte-t-il.
La Poissonnerie Donald Lachance, qui compte aussi un aide-pêcheur, est une entreprise familiale. La conjointe de l'entrepreneur, Michèle Landry, professeure d'anglais, aime lui donner un coup de main.
Les trois garçons de la famille, de 10, 12 et 16 ans participent aussi, soit à la pêche, à l'emballage ou à la poissonnerie. Une relève parmi les garçons? « Peut-être! En tous cas, j'aimerais ça! s'exclame Donald Lachance. Jacob, mon garçon de 12 ans, aime venir pêcher avec moi, peut-être lui... Mais de toute façon, ils sont encore jeunes pour savoir ce qu'ils vont faire. »
Protéger l'esturgeon
Autrefois, on pouvait pêcher toutes sortes de poisson dans le Saint-Laurent : du doré, du bar rayé, de l'anguille, de la perchaude. Donald Lachance a remarqué que les stocks de poissons ont beaucoup diminué. « Oui, il y a eu de la surpêche. Mais l'activité humaine est aussi largement responsable. Lorsqu'on a agrandi l'île Sainte-Hélène, autour de Montréal, en 1967, qu'on a canalisé le Saint-Laurent et qu'il y a eu contamination par des produits chimiques, de nombreuses frayères ont été détruites et l'esturgeon a failli disparaître. »
Mais les menaces qui planaient sur cet énorme poisson ont été identifiées à temps. Les quotas de pêche ont été abaissés. Alors que Donald Lachance pouvait pêcher 125 000 livres d'esturgeon au début des années 1990, en 2013, il était restreint à 30 000 livres, soit environ 1 300 esturgeons. Les plus grands, ceux de plus de 1 m 50, servant à la reproduction, doivent être relâchés. Cependant, si l'esturgeon n'est plus en péril maintenant, ce n'est pas le cas des pêcheurs.
Survivre avec la vente au détail
« J'ai l'un des plus gros quotas au Québec, alors je ne me plains pas. Certains pêcheurs n'ont le droit de pêcher que 200 esturgeons par année », de dire M. Lachance. Comment faire pour vivre de la pêche dans ce cas? « C'est assez difficile. On a des petits quotas qui ne nous permettent pas d'exporter, mais les prix de vente en gros stagnent depuis 10 ans. Les petites pêcheries ont presque toutes disparu », se désole-t-il.
Si la Poissonnerie Donald Lachance roule bien aujourd'hui, c'est que l'entreprise s'est beaucoup diversifiée et mise sur la vente au détail de poissons frais, poissons fumés et de produits transformés sur place.
« L'été dernier, nous avons développé des produits à base d'esturgeon : burger, cretons ou pizza. Ça a fait fureur! Les clients recherchent de plus en plus des choses bonnes et vite préparées. Et puis, nous sommes proches du terrain de camping. Pour beaucoup c'est un repas idéal », ajoute-t-il.
La vente au détail, qui représente environ 50 % du chiffre d'affaires de l'entreprise, est ce qui est le plus payant pour Donald Lachance et pour le client. « Avec la vente directe, il n'y a pas d'intermédiaires comme les grossistes, distributeurs et épiceries. À la poissonnerie, le client paye moins cher tout en ayant un produit plus frais et moi, je réalise de meilleurs profits qu'en vendant en gros », de soutenir M. Lachance.
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