Jean-Eudes Fraser a tout fait pour sauver sa mère, prisonnière des flammes au troisième étage de la Résidence du Havre, pensant même l’accompagner jusque dans la mort.
En chemise de nuit sur le balcon de son logement, Angéline Guichard a appelé son fils, qui habite à quelques maisons de la résidence, vers minuit trente. En moins de cinq minutes, M. Fraser s’est habillé, prenant au passage une échelle afin de sortir sa mère paniquée du brasier.
Arrivé sur place, Jean-Eudes Fraser réalise toutefois que son échelle n’est pas assez longue pour atteindre sa mère. «J’ai réussi à monter avec l’échelle jusqu’au deuxième patio, je lui ai passé le manteau et les mitaines, puis je me suis agrippé et j’ai monté avec elle pour l’habiller», raconte-t-il quelques minutes seulement après avoir quitté l’hôpital.
AVEC ELLE DANS LA MORT
Protégeant sa mère de la fumée de plus en plus intense, M. Fraser criait aux gens qu’il voyait en bas de faire approcher le camion de pompiers qui venait d’arriver, mais sans succès. «Puis, elle est tombée par terre», continue-t-il.
Se mettant la tête dans la neige sur le balcon pour arriver à respirer, sa mère, étouffée par la fumée, lui a dit: «On va mourir ici». Il croyait alors que son heure était venue, accompagnant ainsi sa mère dans la mort lorsque «l’instinct de survie a embarqué».
Laissant non sans difficulté sa mère derrière lui, Jean-Eudes Fraser s’est laissé glisser de balcon en balcon jusqu’au sol. Quelques instants plus tard, une échelle plus longue a pu être utilisée pour avoir accès à la chambre de sa mère. «En remontant, le bord de la couverture et le fil électrique sont tombés sur le patio», raconte-t-il, désemparé.
RONGÉ PAR LES REMORDS
«Je vais avoir ça dans la tête longtemps. Je n’ai pas été capable de la sauver, répète M. Fraser, éclatant en sanglots, je n’ai pas été capable.» Après avoir regardé, impuissant, les flammes ravager le bâtiment, l’homme s’est rendu à l’hôpital afin que soient nettoyées ses voies respiratoires.
Malgré tous les efforts déployés pour sauver sa mère, M. Fraser continuait de s’en vouloir. «Avoir su que c’était une affaire de même, j’aurais amené ma grande échelle et mon harnais; je suis formé pour ça, descendre une personne des hauteurs, mais mon équipement est resté dans le garage», raconte-t-il avec remords.
Sa conjointe, à ses côtés, ne pouvait que lui répéter à quel point il avait été brave. «Il a mis sa vie en péril pour sauver sa mère», disait-elle.
-Avec la collaboration de Nicolas Lachance
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