mardi 26 novembre 2013

L'expérience de Claire Vézina au 911

Première femme à avoir œuvré à la centrale 911 et maintenant coordonnatrice, Claire Vézina prendra sa retraite le 1er janvier 2014, plus de 30 ans après avoir fait son entrée dans ce département.









De première femme au 911 à coordonnatrice du département, Claire Vézina prendra sa retraite en janvier, après plus de 30 ans de service.
Ironiquement, elle se destinait plutôt vers une carrière de policière, mais à l'époque, la Ville de Laval n'embauchait pas de femmes. Après des études en techniques policières, Claire Vézina s'est donc retrouvée en février 1980 dans une chaise d'opératrice, en attente d'appels d'urgence.
«Dans ce temps-là, on avait un board avec 64 boutons, et il y avait 5 lignes pour Chomedey, 5 lignes pour Pont-Viau et ainsi de suite, rapporte-t-elle. Quand il y avait un événement majeur, on pouvait le voir tout de suite, parce que tous les boutons s'allumaient! Nous étions alors une trentaine de personnes à travailler au 911.»
Si aujourd'hui la technologie de pointe a pris le dessus, Mme Vézina a connu la période du convoyeur, dans lequel une carte d'appel était placée et envoyée au département visé, police ou incendie.
«Il y avait une strap de caoutchouc qui défilait et on devait appeler l'opérateur du département pour lui dire de prendre la carte», se souvient-elle.
Appels mémorables
Au fil des ans, Claire Vézina a répondu à son lot d'appels, mais quelques-uns lui sont restés gravés en mémoire. C'est le cas d'une dame qui avait signalé le 911 après avoir découvert son conjoint sans vie dans la chambre du bébé.
«Le mari était en cure à Pinel et il était sorti pour la fin de semaine. Le dimanche soir, avant de retourner à l'Institut, il avait convaincu sa femme d'aller prendre une marche. Il s'est suicidé en se tirant une balle. Quand j'ai parlé à la dame, je pouvais entendre le bébé pleurer…»
Un autre appel, plus cocasse cette fois, a été fait par une femme victime d'un vol qualifié. Ligotée par les malfaiteurs au sous-sol, elle avait réussi à alerter les autorités. «À un moment donné, elle m'a dit qu'elle ne voulait pas que les policiers la voit. En lui demandant pourquoi, elle m'a avoué avoir uriné dans son pantalon.»
Le troisième appel qu'elle a bien voulu partager avec nous a bouleversé son existence… «C'est moi qui ai pris l'appel quand mon père est décédé d'une crise cardiaque. C'était ma mère qui téléphonait… J'ai appelé Urgences-santé pour donner les détails et je suis partie la rejoindre», confie Claire Vézina.
Des milliers d'appels
Bon an mal an, quelque 260 000 appels sont logés au 911. Durant la période estivale, les problèmes rapportés touchent plus particulièrement les parcs et la tranquillité, alors qu'à l'automne, on note une augmentation des suicides.
«Dans le temps des fêtes, on a de drôles d'appels, comme les gens qui veulent nous remercier pour ce qu'on fait et qui trouvent dommage qu'on doive travailler alors qu'eux fêtent! On a déjà eu aussi une dame qui venait de manquer d'électricité et qui ne savait pas quoi faire avec sa dinde!» nous dit celle qui sera bientôt grand-mère pour une première fois.
Faire connaître le 911
Un des objectifs de Claire Vézina durant ses années de service était de faire connaître le 911 et le boulot effectué par son personnel. Contrairement à ses débuts, où aucune formation ne préparait le personnel, deux cégeps offrent maintenant des cours pour devenir opérateur.
«Nous avons aussi participé à deux salons de l'emploi. Pour travailler au 911, ça demande une forte personnalité, du leadership et un bon jugement. Tu peux avoir fait beaucoup d'études, ce n'est pas une garantie que tu pourras répondre aux appels», conclut-elle.

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